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"Le contentieux, ce n’est pas aimer les conflits, c'est aimer les résoudre !"

Publié le 27 janvier 2022

 

L'interview "Spécial CONTENTIEUX"

 


Bonjour Christine et Caroline,


Merci de vous rendre disponibles pour cette première interview autour de votre métier d’avocat et de votre pratique du contentieux si particulière chez LEXYMORE.


Avant d’entrer dans le vif du sujet, comment définiriez-vous votre association ?

Me Caroline PRUNIÈRES -
Christine et moi nous nous sommes rencontrées en 2001, puis associées en 2004. Depuis, nous ne nous sommes plus quittées en dépit des inévitables conflits qui jalonnent une si longue association.
Nous partageons vingt ans d’aventures juridiques et judiciaires, d’expériences professionnelles et des valeurs qui assurent une grande stabilité au cabinet.
C’est aussi important pour nos clients que pour nos collaborateurs.


Me Christine JAÏS -
Je crois que l’on peut dire que nous sommes aussi sérieuses, combatives et exigeantes l’une que l’autre. C’est la base d’un respect et d’une confiance mutuelle qui ne s’est jamais démentie.
Nos fortes personnalités sont complémentaires ce qui constitue nécessairement une richesse pour nos équipes !


 
Comment est née cette vocation pour le contentieux ?

Me Christine JAÏS -
A l’origine il y a le plaisir intellectuel de la dialectique mais aussi le sens de la défense, une sorte de «syndrome de zorro » qui fait que vous « montez instantanément à l’attaque » face une situation choquante…
C’est aussi une pratique très riche qui amène sans cesse à découvrir de nouveaux domaines d’activités, mobilise différentes compétences, sens de l’écoute, de l’analyse, anticipation, stratégie, empathie et fermeté.

On ne s’ennuie jamais !

Me Caroline PRUNIÈRES -
On peut dire qu’on s’occupe de l’autre, des autres. Du plus loin que je me souvienne, je n’ai jamais aimé les conflits, mais les résoudre oui !
Aimer convaincre et parler au nom de l’autre.
En prenant la défense de son client, l’avocat participe à l’État de droit.
Faire rendre justice et combattre l’injustice est un engagement courageux qui sécurise les libertés. Une forme de combat à la loyale dans un système parfois complexe mais très enrichissant. Chaque dossier nous plonge dans un univers, des métiers, des techniques, des enjeux patrimoniaux, financiers, humains différents.

 

" Il y a parfois des coups tordus incroyables !
En contentieux, on apprend chaque jour."

 

Pourriez-vous partager quelques anecdotes ? Dans le respect du secret professionnel bien sûr !

Me Christine JAÏS -
Ah je me souviens d’un litige industriel entre un de nos client et son fournisseur. Après des années de procédure, la décision nous est revenue largement favorable, au-delà même de nos espérances. Mais l’indemnité obtenue mettait en situation de faillite ledit fournisseur qui était une de ses sources d’approvisionnement essentielle !
Notre client s’est donc finalement mis d’accord avec lui en abandonnant une partie des condamnations octroyées par le jugement pour sauvegarder sa source d’approvisionnement…
En définitive on avait trop bien gagné !
On en reparlera peut-être mais un procès demeure un risque important et la négociation une solution bien plus efficace dans la résolution des conflits.


Me Caroline PRUNIÈRES -
Dans le même esprit, il m’est arrivé de gagner un procès dont le montant des indemnités était tel qu’elles faisaient littéralement exploser les bénéfices de l’entreprise.
Le client ne voulait pas de cet argent sur l’exercice, ni même reprendre la provision !


" Les victoires ont parfois des
conséquences inattendues..."

 

Est-ce qu’on peut aller jusqu’à dire que l’aléa judiciaire et l’engorgement des tribunaux rendent le recours au procès de moins en moins pertinent ?

Me Caroline PRUNIÈRES -
Notre monde va de plus en plus vite et le temps industriel n’est pas le temps judiciaire.
Disons que plus le litige est important, plus le recours au procès, au-delà de l’incertitude du résultat, engendre des impacts commerciaux, financiers et de gouvernance que les entreprises ont de moins en moins la liberté ou la volonté d’assumer.
Nous sommes chacune formées à la négociation et je me suis également formée à la médiation. Ce sont des approches de résolution du conflit en contentieux des affaires qui donnent d’excellents résultats en termes de délai de résolution. Techniquement, il faut toutefois bien faire la différence entre « négociation » où l’on défend le point de vue d’un client, et « médiation » qui nous place dans l’accompagnement impartial des parties.
En négociation, le fait d’être des femmes nous permet aussi d’avoir une écoute et une approche psychologique singulière très appréciée dans un monde majoritairement masculin.
Attention, tout en gardant notre tempérament de battantes !

Certains clients nous surnomment d’ailleurs les « amazones » de LEXYMORE…


Me Christine JAÏS -
On constate de plus en plus que les gros litiges sortent de la sphère judiciaire.
La justice d’aujourd’hui n’est plus très adaptée à la vie des affaires entre digitalisation, temps long, aléa et réduction de l’accès au juge. En cours de procédure, on manque de vraies relations humaines. Cette déshumanisation de la justice est un risque pour l'État de droit.
Par ailleurs l'arbitrage, qui est en définitive une justice privée, coûte souvent trop cher aux entreprises.
Il faut donc s’adapter ce que nous avons notamment fait en développant de nouvelles approches de résolution du conflit.
Nous sommes toutes deux formées à la méthode de Négociation Raisonnée d'Harvard, qui a permis en son temps la négociation des accords de Camp David, ainsi qu’au droit collaboratif car nous sommes convaincues que les modes alternatifs de résolution des conflits seront de plus en plus utilisés.



Parlons donc de l'organisation judiciaire qui vous oblige à « plaider court » comme vous dîtes et qui semble avoir modifié profondément vos pratiques ces dernières années.

Me Caroline PRUNIÈRES -

Précisons avant tout que plaider ne s’apprend pas dans les livres. C’est toujours un challenge, une forme de représentation théâtrale qui génère du trac, de grandes satisfactions et pas mal de décharge d’adrénaline.
Notre métier nécessite avant tout un important travail de préparation, de lecture de pièces, de compréhension des fondements juridiques, de hiérarchisation des arguments et de rédaction d’une procédure écrite souvent très dense, sur plusieurs années de vie d’un dossier.
Plaider, c’est restituer tout ce travail en un minimum de temps et de manière convaincante.
Nous n’avons souvent que quelques minutes pour convaincre.
Je conseillerais aux jeunes avocats de se mettre autant que possible à la place du magistrat, de lui faire passer un bon moment et de se poser la question suivante avant de plaider : Quelle est mon intention ?
Il faut sentir l’environnement de la salle d’audience, s’interroger sur les arguments décisifs et surtout tout donner !


Me Christine JAÏS -
Oui, il ne faut rien lâcher, placer des flèches qui portent, trouver les points saillants d’un dossier, une ligne de force dans l’argumentation pour quelques minutes de parole.
Il faut susciter l’envie du magistrat de nous donner raison. Le travail de préparation est très important et je crois pouvoir dire que nous sommes toutes les deux des avocates qui bossent beaucoup.
Sans travail, le talent n'est qu'un feu d'articifice qui éblouit un instant, mais il n'en reste rien.

 

" C'est une vraie compétence
de faire mouche "

 
Quelle influence cette évolution de vos métiers engendre sur vos recrutements ?

Me Christine JAÏS -
Depuis quelques années, notre base de clients s’est fortement élargie et nous devons faire face à une demande croissante. Nous sommes également très souvent sollicitées par nos confrères.
Nous sommes un peu victimes de notre succès !
Nous devons donc renforcer nos équipes sans perdre notre âme. Nous devons maintenir le niveau de qualité et de service et nous ouvrir à d’autres sujets comme la cybercriminalité ou l’e-réputation par exemple. Des problématiques qui font l’actualité et sur lesquelles nous devons anticiper.
Nous souhaitons aussi offrir des opportunités à nos meilleurs talents. Nous sommes les deux associées responsables du pôle contentieux qui compte sept avocates puisque nous venons de recruter trois nouvelles collaboratrices qui partagent nos valeurs.
C’est dans la transmission de nos savoir-faire que nous sécurisons la continuité de services.


Me Caroline PRUNIÈRES -
On parle souvent entre nous de « LEXY-COMPATIBILITE ».
Le partage de nos valeurs et de notre raison d’être est au cœur de nos relations professionnelles, que ce soit avec nos collaborateurs ou nos clients.
Nous attachons une importance particulière au savoir-être et à l’implication. On l’a dit, notre rigueur et cette forme si particulière de prise en charge des problématiques de nos clients, cette « patte » LEXYMORE ne convient pas à tous les profils.
La compétence est une chose, le savoir-être en est une autre et ça ne s’apprend pas.
Et peu importe le sexe. Les femmes sont majoritaires chez LEXYMORE comme sur les bancs de la fac de droit.
Nous souhaiterions évidemment plus de garçons.
Avis aux intéressés ! 

Comment voyez-vous l’avenir ?

Me Christine JAÏS -
Radieux bien sûr, soyons positives !
Plus sérieusement, nous envisageons notre métier comme une médecine préventive et c’est d’ailleurs le sens de notre organisation, à parité entre conseil et contentieux.
La complexité du monde des affaires nécessite de voir les situations de façon globale et systémique. Nous allons donc maintenir notre vision d’un avocat d’affaires partenaire « transversal » de son client, présent quasiment au jour le jour, dans une pratique de l’anticipation qui désamorce les conflits, qui protège plus qu’elle ne répare.


Me Caroline PRUNIÈRES -
Et dans la bonne humeur surtout !
Nous assumons nos valeurs humanistes et nous les partageons autant avec nos équipes qu’avec nos clients. Elles créent un univers propice à la performance et cela fait maintenant plus de vingt ans que nous proposons à Bordeaux des services dignes de grands cabinets parisiens, la proximité et la connaissance du terrain en plus.
C’est un positionnement un peu alternatif dans le métier, séduisant des chefs d’entreprise qui cherchent un niveau de compréhension et d’appréhension de la complexité de leurs situations et plus globalement du monde des affaires avec un objectif de confidentialité et d’efficacité financière et temporelle.
Avocats et plus bien plus en somme !

En ce début d’année, quels seraient vos vœux professionnels pour 2022 ?

Me Caroline PRUNIÈRES -
De nous rencontrer si vous voulez gagner !

Me Christine JAÏS -
Ou à l’inverse, d'éviter de nous croiser si vous avez peur de perdre !


 


Propos recueillis par Pierre LAMAISON - WhatsGoingOn

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